Réaction de l’AQED aux articles du Devoir sur l’éducation à domicile
Le 1er février, Le Devoir a publié un article sur l’éducation à domicile, soulignant son attrait grandissant et abordant certains enjeux liés aux évaluations et au suivi administratif. Nous souhaitons apporter des précisions et exprimer notre position sur certains points soulevés.
Des comparaisons à interpréter avec nuance
L’article fait état d’une comparaison des résultats aux examens ministériels entre les élèves scolarisés en établissement et les enfants instruits à domicile. Or, cette comparaison doit être interprétée avec prudence, car :
- Les réalités des deux clientèles sont très différentes.
- Le faible nombre d’élèves dans certains groupes rend la validité statistique incertaine.
- Les données présentées restent incomplètes.
Les épreuves obligatoires : une contrainte injustifiée
L’exigence des examens ministériels pour les jeunes scolarisés à domicile représente un fardeau disproportionné :
- Ces examens ne comptent pas officiellement, car nos jeunes n’ont pas de bulletin.
- Peu de rétroaction pédagogique est offerte, et lorsqu’elle l’est, elle arrive des mois plus tard.
- Certaines familles doivent parcourir des centaines de kilomètres pour faire passer ces épreuves à leurs enfants.
- Aucune donnée scientifique probante ne justifie cette obligation.
- Les résultats sont souvent transmis après la date limite du dépôt des bilans de fin d’année.
- Ces épreuves obligatoires représentent une dépense importante pour les centres de services scolaires (CSS).
D’autres modalités d’évaluation existent déjà dans le Règlement et fonctionnent pour toutes les matières qui ne sont pas soumises aux épreuves ministérielles.
Des obstacles à la diplomation
Les jeunes qui souhaitent obtenir leur diplôme d’études secondaires (DES) rencontrent aussi des barrières importantes :
- Les examens de secondaire 4 et 5 comptent pour 100 % de la note des élèves à domicile, alors qu’ils ne comptent que pour 50 % dans le réseau scolaire. Cette iniquité peut compromettre leur accès aux études supérieures.
- Certains CSS peinent à offrir les services nécessaires pour assurer une diplomation en temps opportun.
- Certains CSS refusent même d’accompagner les jeunes qui ne sont plus en âge de fréquentation scolaire obligatoire, en se glissant dans un vide réglementaire préoccupant et mettant en péril la diplomation de ces jeunes.
Un manque de transparence dans les retraits d’autorisation
Un second article publié par Le Devoir mentionne que plus de 1 000 élèves ont perdu leur autorisation de faire l’école à la maison ces dernières années. Or, aucune information n’est donnée sur les raisons précises de ces retraits ni sur les possibles réouvertures de dossiers après une conciliation. Il est aussi possible que certaines familles qui avaient déjà prévu le retour scolaire aient choisi de ne pas compléter leur dossier auprès de la DEM.
Nous rappelons également que le système de traitement des plaintes actuel est inadéquat :
- Aucune instance neutre ne gère les plaintes des parents-éducateurs.
- Lorsqu’un conflit survient, le parent est rencontré par le même agent qui suit son dossier, sans intervention d’un tiers impartial.
- Les familles-éducatrices n’ont aucune représentation officielle auprès des organismes qui leur fournissent des services (CSS et DEM).
Une utilisation discutable des fonds publics
Actuellement, les CSS reçoivent 1 800 $ par enfant scolarisé à domicile chaque année, ce qui représente plusieurs millions de dollars. Or, ces fonds servent principalement à administrer des examens obligatoires, alors que :
- Les autres services prévus dans le Règlement sont refusés dans 68 % des cas.
- Nous avons des raisons de croire qu’une partie de ces subventions est utilisée ailleurs dans le réseau scolaire.
- Ces fonds devraient être réaffectés pour soutenir réellement les familles et favoriser la diplomation des jeunes à domicile.
Nos demandes
Face à ces enjeux, nous réaffirmons nos revendications :
- Réactiver la Table de concertation pour rétablir un dialogue avec les autorités.
- Encourager la diplomation des jeunes scolarisés à domicile en tenant compte d’un ensemble de travaux et en harmonisant les règles d’un CSS à l’autre. Le vide réglementaire pour les jeunes de 16 ans et plus doit également être corrigé.
- Annuler l’imposition des examens ministériels aux enfants éduqués à domicile.
- Réviser le financement pour mieux soutenir l’enseignement à domicile.
- Mettre en place un processus de plainte neutre et clair, accessible aux familles.
- Donner une représentativité officielle aux familles-éducatrices auprès des instances concernées.
L’éducation à domicile est une option éducative légitime qui mérite un cadre juste et adapté. Nous continuerons à défendre les droits des familles et à faire valoir ces enjeux auprès des autorités.
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